Transformation de produits agricoles : La fabrication du pain à base du manioc, une option d’avenir !
Par Louis Tossavi
La guerre entre l’Ukraine et la Russie a révélé au grand jour, la dépendance de plusieurs pays africains vis-à-vis de la farine de blé importée. Le produit est devenu rare et a même doublé de prix dans plusieurs pays. Or, il y a une option locale que les pays comme le Bénin peuvent choisir pour obtenir aussi du pain de qualité. Makosso Allavo, ingénieur agroalimentaire, spécialiste de la valorisation des matières premières agricoles et des technologies artisanales de transformation des aliments, pense que le manioc est une option envisageable.
Avec l’invasion de l’Ukraine et les sanctions internationales infligées à la Russie, l’importation de la farine de blé en direction de plusieurs pays africains a sensiblement diminué. Cette situation a engendré la hausse du prix de la baguette de pain et même la diminution du grammage.
L’ingénieur agroalimentaire Makosso Allavo pense qu’il y a une solution à portée de main qui peut aider le Bénin et d’autres nations du continent à faire face à la raréfaction de la farine de blé. « Nous avons la possibilité de faire du pain à partir de la farine panifiable du manioc. Le problème qui se pose, c’est lorsque nous nous exerçons à comparer la farine panifiable de manioc à la farine de blé qui est traditionnellement utilisée pour faire du pain, il y a une certaine différence », fait-il savoir. Selon ses explications, la plus importante est que dans la farine de blé, il y a une protéine spéciale appelée gluten qui confère à la pâte ses caractéristiques techno-fonctionnelles et qui lui permet de gonfler sans éclater au cours de la fermentation.
L’expert ajoute qu’il ne faut pas forcément s’attendre à avoir les mêmes caractéristiques lorsque le pain est produit à partir de la farine de blé. Parce qu’à l’en croire, les compositions biochimiques des deux farines et sont pas les mêmes et la farine de manioc ne contient pas de gluten. Pour notre interlocuteur, la consommation du pain fait à base du manioc est une réelle alternative pour les pays comme le Bénin.
Les avantages d’une telle option
Il n’est plus à démontrer que la farine de manioc vient d’une production locale et son utilisation dans la panification va positivement impacter tous les acteurs de la chaîne de valeur. « Il n’y a donc pas à faire de comparaison en termes de qualités organoleptiques avec le pain à base de blé, le plus important est que nous devons assumer la consommation du pain à base du manioc. Il est important de montrer que la valorisation du manioc, la production du pain de manioc passe obligatoirement par le fait que les africains doivent accepter une fois pour toute la consommation du pain à base de ce produit agricole », martèle Makosso Allavo.
Aux dires de l’ingénieur agroalimentaire, cette option est celle de l’avenir très proche, surtout avec ce qui se passe actuellement entre l’Ukraine et la Russie où la farine de blé a doublé de coût. « Il est important que la population soit éduquée à consommer un produit dérivé issu de notre production locale. Cela va nous permettre d’avoir du pain en grande quantité et du pain d’une matière première que nous connaissons », a-t-il recommandé.
Et pour y arriver, il est urgent que les dirigeants africains facilitent l’importation des équipements afin de permettre aux entrepreneurs de bénéficier du minimum pour une production locale à grande échelle.