Sommet extraordinaire de la CEDEAO : des sanctions annoncées contre la junte militaire guinéenne sans précisions
AWR
Les chefs d’Etat de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se sont réunis en sommet extraordinaire le 22 septembre 2022 à New-York en marge de la 77e Assemblée Générale des Nations-Unies. Ces dirigeants africains ont particulièrement échangé sur la situation en Guinée et l’affaire des soldats ivoiriens détenus au Mali.
Aux termes du sommet extraordinaire, la conférence des chefs d’Etat de la Communauté Économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a décidé d’imposer des sanctions aux autorités de la junte militaire au pouvoir en Guinée. Ceci en réponse au coup d’Etat de 2021 contre l’ex-président Alpha Condé. Le colonel Mamadi Doumbouya et son gouvernement ont affirmé leur volonté de demeurer à la tête du pays pour 03 ans, délai nécessaire à leur niveau pour garantir le retour à la démocratie. Mais la CEDEAO de son côté exige une transition plus rapide qui ne saurait excéder 24 mois.
En dehors de la Guinée Conakry, les chefs d’Etat de la CEDEAO se sont également concertés sur le cas du Mali, où il est rapporté que des soldats ivoiriens ont été arrêtés à Bamako et détenus depuis le 10 juillet dernier. Les dirigeants de la communauté sous régionale ont exigé la libération immédiate de ces militaires ivoiriens. Dans le même sillage, ils envisagent dépêcher une délégation de 03 chefs d’Etat, Nana Akufo-Addo du Ghana, Macky Sall du Sénégal et Faure Gnassingbé du Togo à Bamako dans les prochains jours toujours dans le cadre de cette actualité.
Dans une interview accordée à RFI à l’issue des travaux de ce sommet extraordinaire, le président de la commission de la CEDEAO, le gambien Omar Aliou Touray, est revenu sur la position de l’organisation ouest africaine sur les sujets abordés. « Pour la Guinée, la CEDEAO est fermement contre le coup d’Etat. C’est un principe que nous voudrons renforcer. Les coups d’État ne sont pas acceptables dans l’espace de la CEDEAO. Ils ont pris la décision d’appliquer quelques sanctions. Pour les soldats ivoiriens au Mali, les chefs d’Etat désapprouvent leur arrestation et demandent leur libération immédiate sans condition ».
Se prononçant sur cette actualité, le politologue béninois Gilles Yabi a expliqué au micro de BBC-Afrique, que la stabilité politique du Mali est essentielle pour l’ensemble des pays de la région et les autorités maliennes en sont conscientes. « C’est peut-être pour cela aussi qu’elles se permettent d’aller très loin dans cette forme de défiance et d’avoir des positions qui ne facilitent pas une sortie de crise notamment en ce qui concerne ces soldats ivoiriens », a-t-il fait savoir.
Néanmoins, Gilles Yabi trouve que si dans ces deux pays les militaires ont réussi à s’emparer du pouvoir, c’est « aussi parce que les élites politiques civiles ont créé les conditions pour leur arrivée au pouvoir, et la CEDEAO aussi par sa posture au début notamment dans le cas du Mali, par les sanctions a servi la junte malienne en lui offrant encore plus de popularité ».