Gynécologie | Jacqueline Adabra à propos de l’accouchement humanisé : « Ça réduit les taux de souffrances fœtales qui conduisent souvent à la césarienne… »
Réalisation : Louis Tossavi
Le concept de « l’accouchement humanisé » est de plus en plus répandu et enseigné dans les pratiques novatrices du domaine de la santé. Ce concept était il y a quelques semaines au cœur d’un atelier de renforcement de capacités initié à l’intention des professionnels des médias. Africa World Radio s’est rapprochée à cette occasion d’une sage-femme pour mieux cerner l’idée. Adjowa Jacqueline Adabra, notre invité, est par ailleurs sociologue.
AWR : Comment peut-on définir l’accouchement humanisé?
Adabra Jacqueline : Quand on parle d’accouchement humanisé, c’est qu’on apporte de l’humanisme à la pratique d’accouchement. Lorsque les femmes viennent pour accoucher, il faudrait qu’on les considère comme des êtres humains à part entière et respecter leurs droits. En général, c’est ce qu’on appelle accouchement humanisé.
Est-ce une pratique en vogue dans les hôpitaux au Bénin.
Je dirai oui et non. Parce qu’il y a des agents qui ont été formés à l’accouchement humanisé. Nous avons des sage-femmes qui sont spécialistes dans plusieurs centres ici au Bénin. Et la coopération japonaise a doté plus d’une vingtaine de centre en matériels d’accouchement humanisé. Donc normalement, ces maternités doivent offrir les soins d’accouchement humanisé.
Maintenant, la pratique, est-ce qu’elle est réelle? Je ne saurais le dire, parce-que j’ai eu des parents qui sont allés dans des centres que je connais, qui ont le matériel, mais qui ont accouché en position gynécologique.
C’est quoi la position gynécologique ?
La position gynécologique, c’est la position couchée sur le dos. On ne peut se coucher que sur le dos à cause de la grossesse, du ventre ballonné qui dérange. Donc on est couché sur le dos et pendant ce moment, le plan de la grossesse comprime les vaisseaux. Dans ce cas, certaines femmes n’arrivent pas à respirer normalement. Ça crée de l’essoufflement chez elles et on leur demande de se coucher du côté gauche ou du côté droit.
Quelles sont les spécificités d’une telle pratique ?
L’accouchement humanisé demande à ce qu’on se mette dans la position libre, c’est-à-dire la femme choisit une position pour pouvoir accoucher. Si elle se met au dos et qu’elle n’est pas à l’aise, elle peut s’accrocher à la corde, elle peut s’accrocher au ballon ou bien elle peut s’asseoir sur la chaise trouée pour accoucher. Elle peut également être dans la baignoire pour accoucher. Il n’y a plus une position fixe dans l’accouchement humanisé.
L’accouchement humanisé a-t-il d’autres avantages?
Les avantages sont multiples. D’abord la femme se sent à l’aise et normalement elle est accompagnée de son mari ou de la personne de confiance qui gère la douleur avec elle. La femme enceinte peut danser en salle d’accouchement sur un rythme qui lui plait, si c’est ça qui la soulage de sa douleur. Ce qui fait qu’elle n’est plus stressée au cours ‘’du travail’’ et ça réduit les taux de souffrances fœtales qui conduisent souvent à la césarienne c’est rapide. Mais quand ça dure trop, ça crée des hémorragies, des complications qui peuvent occasionner un décès. Avec l’accouchement humanisé, il n’y a plus de longues durées de ‘’travail’’ et donc, les complications sont réduites. Et là, on a le gain le plus souhaité de tous, avoir l’enfant et la mère en bonne santé.
Quels sont les matériels qu’il faut pour un bon accouchement humanisé ?
Il y a la corde, la baignoire dans laquelle la femme peut rester dans un bain tiède, le tabouret troué, des chaises. Tout ça soulage la douleur et facilite aussi la dilatation rapide. C’est la femme dans sa gestion de la douleur qui choisit les instruments qu’on peut lui adapter.
A quand remonte cette méthode ?
Cette méthode existait dans les temps anciens. Nos mamans quand elles voulaient accoucher à domicile s’accroupissaient dans les toilettes, derrière les maisons et sortent le bébé aisément. Il y a d’autres, surtout dans les champs de cacao qui s’accrochent aux branches pour accoucher. C’est de là qu’est née l’idée de la corde, parce qu’on ne peut pas avoir d’arbre à la salle d’accouchement.
Y a-t-il une école qui forme en accouchement humanisé ?
Il n’y a pas une école spéciale pour ça au Bénin. Mais maintenant dans leurs formations, on enseigne toutes les positions aux sages-femmes.