Osseni Souberou au sujet de l’inscription du Koutammakou au patrimoine mondial de l’UNESCO : « …Une belle opportunité pour le Bénin d’attirer davantage de touristes »
AWR
Lors de sa 45e session élargie tenue du 10 au 25 septembre 2023 à Ryad en Arabie Saoudite, le Comité du Patrimoine Mondial de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO), a inscrit le site de Koutammakou par extension sur la liste de ses biens. Quelques semaines après cette importante décision, Africa World Radio a reçu pour vous Osseni Souberou, ingénieur culturel, spécialiste des industries culturelles. Il est par ailleurs chargé de programmation culturelle dans le cadre du projet de création du Musée des Rois et des Amazones du Danxomè (MuRAD) et de valorisation du site palatial d’Abomey auprès de l’Agence Nationale des Patrimoines Touristiques (ANPT). Cet expert revient ici sur les opportunités que cette annonce offre au Bénin.
AWR : Que peut-on comprendre par Koutammakou ?
Osseni Souberou : Le Koutammakou est une région qui se situe entre le Bénin et le Togo. Il s’agit d’un paysage culturel vivant qui intègre un habitat particulier et caractéristique, les sikien ou takienta au singulier, des bosquets, des sources et rochers sacrés, des collines aménagées en terrasse et des réseaux de murets de rétention d’eau, des forêts et espèces végétales. Les Batammariba, qui signifient les bâtisseurs, sont les populations qui vivent sur ce territoire. Il s’agit d’un peuple fier, d’éleveurs agriculteurs aux fortes traditions guerrières, formant une société clanique s’opposant à toute forme de domination, d’asservissement et de pouvoir centralisé mais qui reconnait la hiérarchie entre ainés et cadets. Environ 100 000 au Bénin et 20 000 du côté togolais, ce peuple est très attaché à une organisation sociale et rituelle qui repose sur un système cérémoniel dont les principales manifestations sont les rites initiatiques et funéraires. L’habitat des batammariba qui sont en réalité des châteaux forts traditionnels se reconnait par une construction en terre argileuse, à étages, crées pour se protéger contre les bêtes et les ennemies.
Peut-on affirmer que la diplomatie culturelle béninoise est ainsi en marche ?
Vous avez raison de penser que des actions importantes se mènent dans le secteur culturel depuis 2016. En effet, c’est le deuxième site que notre pays, le Bénin a réussi à enregistrer. Il y a eu en 2017, l’inscription des Parc W-Arly-Pendjari, un complexe transfrontalier qui compose le plus vaste écosystème sauvage intact d’Afrique de l’Ouest. On peut raisonnablement soutenir qu’un travail soutenu et constant se fait. Parlant de diplomatie culturelle, je suis certain que vous faites également allusion à la restitution des 26 trésors royaux au Bénin par la France en novembre 2021. Tout ceci est d’ailleurs en cohérence avec la vision et le Programme d’Action du Gouvernement qui est de révéler le Bénin.
Cette deuxième inscription d’un bien béninois sur la Liste du patrimoine mondial en moins de dix (10) ans peut être appréciée comme un signe d’efficacité de notre diplomatie, tout court. Mais il faut noter que c’est un travail méthodique, ardu et collégial, qui implique plusieurs institutions, chercheurs, professionnels, et les communautés aussi bien au niveau national qu’international. Cela nécessite une organisation et un investissement importants que seuls les pays engagés peuvent mobiliser. Je peux vous garantir que c’est un dossier dont j’ai suivi l’évolution et c’est le lieu pour moi de saluer la vision et les efforts du Gouvernement, mais de rendre hommage aux collègues et à la chaîne de tous les acteurs impliqués dans le processus qui a conduit à cette inscription du Koutammakou.
En quoi cette labellisation peut-elle contribuer à booster la destination Bénin ?
L’inscription d’un site sur la liste du patrimoine mondial, accroit la notoriété et la visibilité de ce site, puisqu’il s’agit d’une liste prestigieuse qui retient l’attention des nombreuses structures actives dans la promotion du tourisme dans le monde, notamment les tours operators, les agences de tourisme, le secteurs du transport, de l’hôtellerie, de la restauration, l’artisanat local, bref… les acteurs locaux, les entreprises, et les communautés environnantes et même nationales auront à tirer profit de l’inscription du Koutammakou sur la Liste du patrimoine mondial avec l’augmentation des flux touristiques que cette inscription induira.
Le fait d’avoir un certain de nombre de sites béninois inscrits sur cette liste, offre une belle opportunité pour notre pays d’attirer davantage de touristes. Il faut noter les nombreuses réalisations du gouvernement déjà en place ou en cours dans la région et au niveau national, augmenteront les chances de notre pays de tirer profit de cette inscription. La route Natitingou- Boukoumbé est déjà un acquis, et d’autres réalisations sont encore en cours. Tout ceci permettra aux touristes et visiteurs d’admirer le magnifique paysage culturel vivant que constituent le Koutammakou et le riche patrimoine culturel immatériel qui lui est associé. En gros, cette inscription va renforcer la mise en place d’infrastructures de différentes natures. Il s’agit de véritables opportunités pour les acteurs économiques et sociaux de la région.