Le 20 octobre 2022 s’est ouverte à la Philharmonie, la cité de la musique à Paris en France, la première exposition en Europe entièrement consacrée à Fela Kuti, grande figure de l’Afrobeat. Elle est intitulée « Fela Rébellion Afrobeat » et est une évocation du parcours musical et politique du « Black President », disparu il y a 25 ans à Lagos.
Panafricaniste et provocateur unique en son genre, l’artiste nigérian sera à l’honneur jusqu’en Juin 2023 à travers la revue de ses œuvres. Cette exhibition réhabilite également ces nombreuses femmes qui entouraient Fela et qui l’accompagnaient dans sa lutte. «Elles étaient activistes elles-mêmes. Elles ont pleinement participé à l’esthétique visuelle et sonore de l’Afrobeat autant comme danseuses, puisque souvent il y avait des éléments très provoquants pour soutenir les propos de Fela ; mais elles ont aussi une importance très forte dans les chœurs et apportent une coloration très féminine, énergétique dans la réponse qu’elles apportent aux sonorités de Fela», explique Mathilde Thibaut Starzyk., co-commissaire de l’évènement. « Fela Rébellion Afribeat » permet aux visiteurs de découvrir ou redécouvrir un artiste engagé, moderne et complexe.
L’héritage et l’influence de Fela Kuti sont reconnus par des dizaines de millions de personnes dans son pays le Nigéria. C’est le cas de Mansa, un habitant de Abuja, la capitale politique nigériane. « Plus jeune je n’étais pas un fan de Fela. En fait je ne comprenais pas du tout ses paroles et puis ses chansons étaient longues. Donc je n’arrivais pas à m’identifier. En 2017-2018, je suis devenu plus conscient, je suis rentré dans une phase où j’ai commencé à m’interroger sur mon avenir. C’est dans cet état d’esprit que j’ai écouté Fela clairement pour la première fois. Ce que disait cette icône avait vraiment du sens», a-t-il témoigné à Rfi.
Il est à préciser qu’à l’occasion de l’exposition sur Fela Kuti, son fils Femi Kuti qui a repris le flambeau de ce style musical après sa disparition tout en développant son propre style, a été fait Chevalier des Arts et Lettres de la France. « Mon esprit est toujours tourné vers l’amour universel, la paix et l’unité, la justice. On ne peut pas oublier le rôle considérable des ambassades ou des centres culturels français dans ma carrière. La France est le premier pays qui m’a permis de m’exprimer avec ma musique. Même au Nigéria, on ne m’écoutais pas », se souvient-il.