Mali : L’ambassadeur de France Joël Meyer déclaré « persona non grata »
Les autorités de la junte militaire au Mali viennent de renvoyer l’ambassadeur français du pays. Joël Meyer a été déclaré « persona non grata » et invité à plier bagages dans les 72 heures au plus tard.
Selon des informations rapportées par Rfi, le diplomate français avait été convoqué d’urgence en début d’après-midi de ce 31 janvier 2022 au Ministère malien des affaires étrangères. Et c’est à l’issue de cette rencontre qu’il lui a été notifié de quitter Bamako en urgence. L’information a été rendue publique à travers un communiqué lu à la télévision publique malienne. « Cette décision fait suite aux propos hostiles et outrageux tenus récemment par Jean-Yves le Drian et à la récurrence de tels propos par les autorités françaises à l’égard des autorités maliennes en dépit des protestations maintes fois élevées. », précise le communiqué.
Des propos contraires aux principes diplomatiques
Le 30 septembre 2021, en marge de la clôture de la saison Africa 2020 à l’Élysée, le président français Emmanuel Macron s’est exprimé sur les déclarations du premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga à la tribune de l’Organisation des Nations Unies (ONU) quelques jours avant, où il a accusé la France « d’abandon en plein vol » après le retrait de la force militaire Barkhane. Des propos qui ont été jugés « inacceptables » par le président français. « Je rappelle que le premier ministre malien est l’enfant de deux coups d’État, si je puis dire. Puisqu’il y a eu un coup d’État en août 2020 et un coup d’État dans le coup d’État. Donc, la légitimité du gouvernement actuel est démocratiquement nulle. Ce qu’a dit le premier ministre malien est inadmissible. C’est une honte. Et ça déshonore ce qui n’est même pas un gouvernement», s’est-il indigné sur Rfi.
Et récemment, la junte militaire au pouvoir au Mali a exigé le retrait des soldats danois (une centaine) de la force TAKUBA déployés dans la région Ménaka. La France à travers son ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a aussitôt réagi après cette décision. Ce dernier a jugé la junte militaire malienne illégitime et a qualifié ses décisions d’irresponsables.
Bamako condamne des propos méprisants
En réponse à cette escalade verbale de son homologue français, l’actuel chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop a exprimé le mécontentement de son pays en condamnant ses propos méprisants. « C’est surprenant de la part d’un diplomate de la trempe de Monsieur Le Drian qui parle au nom d’un grand pays, la France. Ce sont des propos empreints de mépris. Ce sont des propos que je condamne, qui sont inacceptables. Nous devons tous nous respecter. Il est bon que Monsieur Le Drian comprenne que ce ne sont pas les insultes qui règlent les problèmes entre nations, que ce que nous attendons de la France, grande nation, est qu’elle puisse avoir une attitude constructive, moins agressive, moins hostile et moins empreinte de mépris vis-à-vis des autorités maliennes qui incarnent aujourd’hui la souveraineté de notre pays », avait-il déclaré dans une interview accordée à Rfi. L’expulsion de Joël Meyer n’est donc que la suite logique de cette guerre de déclarations par médias interposés entre les autorités françaises et maliennes.
Mais malgré l’expulsion de Joël Meyer, les dirigeants maliens réaffirment leur disponibilité à maintenir le dialogue et à poursuivre la coopération avec l’ensemble de leurs partenaires internationaux, y compris la France. Mais dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence.
Rappelons que Joël Meyer (61 ans) est en poste au Mali depuis octobre 2018. Il a aussi servi en Mauritanie entre 2014 et 2018.