La grande question à propos du « Romygate » impliquant la directrice de cabinet de la présidence de la République malgache est : pourquoi avoir laissé les citoyens malgaches n’être au courant que des jours plus tard ? Le jeudi 10 août, Romy Voos Andrianarisoa munie de son passeport diplomatique, nommée en tant que directrice de cabinet de la présidence en mars a été arrêtée par la National Crime Agency en Angleterre. Les chefs d’accusation, tentative de corruption sur une entreprise minière, Gemfields Group, à hauteur de 225 000 livres et une participation de 5 %. Il a fallu attendre le 14 août par la presse internationale pour que l’opinion publique soit informée de cette interpellation. Le lendemain 15 août, la Présidence a annoncé avoir limogé la dame qui selon un communicant du pouvoir aurait agi de son propre chef. Aux côtés de Romy Voos Andrianarisoa, un français du nom de Phillipe Tabuteau. Un soi–disant businessman aux activités brumeuses, déjà impliqué dans un scandale de corruption en Guinée. Il serait un chargé de mission au sein de la Présidence de la République malgache.
La suspecte paraîtra devant ses juges londoniens le 8 septembre. Et qu’en échange de faveurs judiciaires, elle aurait déjà consenti à citer des noms, complices ou commanditaires. Ces derniers seraient de la haute sphère du pouvoir et politique malgache. Pour une spécialiste de la relation internationale, « l’acte de la directrice de cabinet est aussi une trahison du système universitaire anglais. Elle n’avait pas compris la déontologie du savoir en Angleterre. D’autant que l’Etat anglais vient de durcir la loi sur les étrangers ». Son cursus l’a mené à se former dans des universités de renom de ce pays. Avant de s’installer en France où la diaspora intellectuelle locale la considérait comme l’élite silencieuse malgache.
Les observateurs politique estiment que suite à ce communiqué présidentiel, Romy Voos Andrianarisoa a été bonnement lâchée par les siens. Elle qui affichait une grande amitié avec, Ketakandriana Rafitoson, directrice exécutive de Transparency International – Initiative Madagascar. Via un communiqué, cet organisme international a appelé à la fin de l’impunité. La présidence a par contre intimé les communicants de tout bord, y compris les influenceurs, de ne pas spéculer sur le sujet en attendant le procès. Aux dernières nouvelles, l’avocat de la prévenue aurait demandé une mise en liberté conditionnelle, une demande refusée.
Pluridisciplinaire et engagée, sa nomination surprise a mécontenté certains proches d’Andry Rajoelina. Si jamais Romy Voos Andrianarisoa a cité des noms et par malheur l’entourage présidentiel serait impliqué, le chef de l’Etat pourrait voir son avenir politique hypothéqué. Sauf surprise, celui–ci se présentera aux élections présidentielles de novembre. Par calcul politique politicienne ou non, il peut compter sur les Jeux des Îles de l’Océan Indien organisés à Madagascar du 25 août au 2 septembre pour faire une sortie en beauté. Quant à l’opposition, elle préfère se taire. Laissant le soin aux médias à sa solde de compléter au fur et à mesure les informations et de les diffuser. Ce « Romygate » risque de clôturer un règne de cinq ans, entaché par les scandales d’Etat en tout genre, chiffrés en milliards d’ariary.