France / Réélection de Emmanuel Macron : Des africains souhaitent des relations décomplexées avec le continent

Emmanuel Macron a été réélu président de la République française dimanche 24 avril à l’issue du second tour de l’élection présidentielle avec 58,54% des suffrages exprimés contre 41,46% pour son challenger Marine Le Pen.

En Afrique, cette actualité ne manque pas de susciter des réactions. Et au premier rang des voix qui se sont levées après la victoire de Macron, on retrouve les Chefs d’Etat. Mahamat Idriss Deby Itno du Tchad, Mohamed Bazoum du Niger, Faustin-Archange Touadéra de la Centre-Afrique, Paul Kagamé du Rwanda, Patrice Talon du Bénin, Macky Sall du Sénégal ou encore Moussa Faki Mahamat de la commission de l’Union Africaine (UA), ont tous félicité le dirigeant français pour sa brillante réélection.

Cependant, contrairement à ces derniers, d’autres analysent autrement la réélection de Emmanuel Macron, notamment sur son bilan en termes de politique africaine. C’est le cas de Jean-Louis Billon, secrétaire exécutif du PDCI (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire). Il attend de Emmanuel Macron, une politique plus claire que durant son premier mandat. « Que la France ait désormais une politique africaine beaucoup plus lisible, beaucoup plus attendue. Nous souhaitons des démocraties, des relations complètement décomplexées, et ne pas avoir une vérité dans un pays et une contre-vérité sur une même situation dans un autre pays », a-t-il déclaré sur les antennes de Rfi.  A la question de savoir si Emmanuel Macron peut réorienter sa politique pour correspondre à ces attentes sur le continent, l’ancien ministre du Commerce de Alassane Ouattara répond en ces termes : « Je ne pense pas qu’il puisse le faire, je pense qu’il doit le faire s’il veut conserver des bonnes relations avec l’Afrique et surtout avec les générations à venir ».

Marc Ona, figure de proue de la société civile gabonaise et africaine, président de ‘’Tournons la page internationale’’, un mouvement citoyen qui milite pour l’alternance démocratique et la bonne gouvernance sur le continent, trouve que l’Elysée doit s’inspirer des réalités actuelles pour faire rayonner la démocratie en Afrique. « Nous souhaitons que le président Macron au regard de ce qui se passe entre la Russie et l’Ukraine, fasse rayonner la démocratie, le respect des droits de l’homme en Afrique sans pour autant s’impliquer dans une politique Françafricaine que nous avons toujours dénoncée », a-t-il laissé entendre.

Il suggère que la rhétorique qui consiste à dire que la ‘’Françafrique’’ est finie s’applique quand il s’agit de faire respecter la démocratie en Afrique, que la France soit derrière les peuples africains qui se battent pour l’application des règles démocratiques qui sont des règles universelles. Parce que pour lui, le président Macron a montré pendant son premier mandat qu’il n’était pas en rupture avec la ‘’Françafrique’’. Et « s’il prend conscience de ce qui est en train de se faire actuellement au niveau géopolitique, il va falloir qu’il change de mode opératoire en Afrique », ajoute-t-il.

Pour le Camerounais Achille Mbembe, Emmanuel Macron a beaucoup à faire pour ce 2^e quinquennat. Aux dires de ce dernier qui est également intervenu sur Rfi après la victoire de Macron, il faut que le président français s’attaque à ce qu’il reste à faire au Sahel, en termes de redéfinition de la présence militaire française en Afrique, de repositionnement en faveur de la démocratie en Afrique, etc. A en croire cet intellectuel Camerounais, « si on s’attaque à ces éléments, alors il sera possible de sortir une bonne fois pour toute de la Françafrique ».