Développement |Fann Attiki à propos de l’Afrique : « Le continent doit avancer à son propre rythme sans se mettre de pression »
Réalisation : Martial Olou
Le romancier et slameur Congolais Fann Attiki Mampouya était de passage à Cotonou il y a quelques semaines. Il a entre autres été l’invité le 17 mai dernier du programme « conversation littéraire » de l’institut français du Bénin. Pour cette occasion il a partagé avec les participants les grandes lignes de son roman « Cave 72 » qui lui a valu le prix littéraire « Voix d’Afrique » 2021. De sa tribune, Fann Attiki a convié la jeunesse africaine à investir sur le continent pour son essor.
AWR : De quoi parle votre roman ?
Fann Attiki : « Cave 72 » parle de trois (03) jeunes qui se retrouvent mêler à un faux coup d’Etat. Ils sont donc considérés comme étant à l’origine de celui-ci. Les forces de sécurité s’en prennent à eux, ils deviennent des ennemis publics. Ils tentent de se cacher et mènent des enquêtes pour avoir assez de preuves pour prouver leur innocence. Dans la foulée, il y a un sieur qui, poussé par certains intérêts dont le désir d’atteindre l’ascension sociale, décide de plonger ces jeunes dans un K.O duquel ils essaient de se défaire.
Au cours de cette conversation, vous avez lancé un appel à ces jeunes africains qui investissent ailleurs que sur leur continent. Qu’est-ce qui motive cette position ?
Pour moi, les jeunes Africains doivent apprendre à investir en Afrique. Ils fournissent beaucoup d’efforts pour réussir ailleurs. Je pense qu’ils devraient également fournir autant d’efforts et même plus pour se créer les conditions de réussite ici en Afrique.
Après, s’ils arrivent en occident et ils réussissent c’est tant mieux. De toutes les manières, je pense que l’humain devrait être libre de circuler partout dans le monde. A un moment, on devrait s’inscrire dans l’universel, c’est-à-dire se considérer comme étant citoyen universel. Mais moi mon seul problème, c’est que je constate qu’il y en a qui investissent un peu plus pour réussir ailleurs et laissent le continent dans un état de délabrement. Je crois qu’ils auraient pu faire quelque chose, apporter leur pierre à l’édifice.
En parlant de ce sujet, je suis resté dans un contexte congolais. J’ai parlé du Congo parce que je connais un peu les réalités du pays. Je conçois mal qu’un brazzavillois puisse aller chercher l’eldorado à l’étranger alors qu’il pouvait investir dans son pays. J’ai fait attention à ne pas mélanger toutes les réalités. C’est pour ça je me suis appuyé sur Brazza. Je sais qu’il y en a qui font face à des guerres quotidiennement et sont donc obligés de s’échapper de leurs territoires. En ce moment, il vaut mieux aller ailleurs.
Vous affirmez également que l’Afrique est un continent du présent et non du futur comme certains le disent. En avez-vous la certitude ?
Le présent, il faudrait le constater, avoir conscience que nous sommes le présent, en ayant conscience qu’on pourrait effectivement améliorer les choses. Quand on dit qu’on est l’Afrique du futur, moi je définis cet avenir comme étant la seconde qui suit.
Pour moi c’est ça l’avenir, et donc on devrait réaliser cela pour ne plus se reposer sur une certaine promesse. C’est maintenant qu’on doit retrousser les manches pour travailler et faire de sorte que nous puissions émanciper l’Afrique. Comme Felwine Sarr l’a dit, « …l’Afrique n’est pas en course contre qui que ce soit. L’Afrique doit avancer à son propre rythme sans se mettre de pression… » et moi je suis pour cette vision-là. Les Africains devraient prendre leur temps afin de mieux conditionner leur possibilité de réussite.