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Société

Conflit russo-ukrainien : Des répercutions sur le pouvoir d’achat des Béninois

De notre correspondant Martial Olou

Bien qu’il soit loin du théâtre de la guerre entre l’Ukraine et la Russie, le continent africain n’est pas épargné par ses conséquences. Au Bénin particulièrement, cette crise se fait sentir dans les assiettes des ménages et rejaillit négativement sur l’économie locale.

A Cotonou et dans les autres localités du pays, les populations se plaignent de plus en plus de la cherté de la vie et de la flambée des prix des produits de grande consommation. Une situation qui n’est pas seulement due aux effets néfastes de la pandémie de la Covid-19, mais aussi à l’invasion de l’Ukraine par les forces militaires Russes. Et bien que le pays soit loin du théâtre des affrontements, il subit les conséquences de cette crise à cause de sa dépendance en importation de certains produits de grande consommation comme le blé, les hydrocarbures, les denrées alimentaires et bien d’autres matières premières.

En l’espace de quelques jours, les prix de certains produits ont connu une hausse. A la pompe, le litre d’essence est à 600f, même prix pour le gas-oil. Le pétrole est à 665f le litre et le kilogramme du gaz domestique est livré à 730f.

Il faut donc débourser plus d’argent pour faire le plein de son véhicule à la station ou acheter le gaz. Une cherté des prix qui fait grincer les dents des consommateurs Béninois. « De 3500f nous sommes à 4500f pour la petite bouteille de gaz. C’est déjà difficile pour nous de digérer la flambée des prix des denrées alimentaires. C’est tant pour les salariés que pour ceux qui sont à leur propre compte. Gérer le quotidien et la famille devient extrêmement pénible. Et voilà que s’y ajoute le gaz. Et face à tout cela, le salaire du fonctionnaire béninois n’a pas augmenté », se désole Sylvie Hounkpèvi, agent dans une structure de microfinance. Pour Ariace la trentaine, cette situation cause un déséquilibre financier dans le budget préétabli. « Dès que je prends la route maintenant pour aller au marché pour des achats, je réfléchis encore une fois », nous a-t-elle confié.

Sur le marché, le sac de charbon est pratiquement au même prix que les 6kg du gaz domestique. Il faut donc opérer un choix. Etant donné que celui-ci offre plus davantage à certaines familles, elles préfèrent subir. « La dernière fois que j’ai rechargé ça, c’était compliqué et dur mais on n’a pas le choix. Des fois, on a même l’impression que la bouteille n’est pas remplie. Ça ne fait même pas un mois, à peine trois semaines », fait savoir Léontine Bidossessi. Lors d’un point de presse après conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement avait d’ailleurs fait remarquer que cette augmentation des prix des hydrocarbures est due à l’invasion de l’Ukraine.

Absence d’instances de régulation, les populations paient le surcoût

Si la hausse des prix des hydrocarbures par exemple explique l’inflation constatée ces derniers temps sur le marché, l’économiste, Éric Oké lors d’une intervention sur les antennes de nos confrères de radio Bénin a expliqué que l’absence de contrôle des prix est l’autre cause. « Il faut reconnaître que par rapport à l’enchère ou à la surenchère que nous constatons sur nos marchés, cela est dû à un manque de dispositifs de contrôle ou à un manque de services capables d’orienter les acheteurs vers les portes de sortie », a-t-il souligné.

Pour soutenir son argumentaire, l’économiste s’appuie sur le fait que pour la plupart des produits qui existent sur le marché béninois, il n’y a aucune grille standard de vente.  Dans la même logique, Ernest Gbaguidi, président d’une association de défense des droits des consommateurs pense qu’on doit prévoir des régulateurs dans tous les secteurs. « Il y a ce défaut qui nous expose à ces chocs. En exemple, il n’y a pas de régulateur dans le secteur de la brasserie, de la boulangerie, le secteur cimentier, etc. Quand on a le champ qui est libre comme ça, le gouvernement doit penser mettre en place des régulateurs », a-t-il recommandé.

Les réformes fiscales ont aggravé l’inflation !

De nouvelles réformes initiées par les autorités béninoises sont mises en application depuis le début de cette année de 2022 et de la lecture de Anselme Amoussou, secrétaire général de la confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin), certaines des réformes fiscales portées par les dirigeants actuels du pays ont contribué à l’aggravation de l’inflation. Il s’avère donc nécessaire d’après lui de mieux organiser l’application des mesures de soutien à apporter aux populations, afin que le consommateur ressente les effets. « Il faut trouver le mécanisme avec les importateurs par rapport aux stocks existant. Si ces mesures peuvent-être accompagnées finalement de la revalorisation, notamment du salaire minimum interprofessionnel garanti, ce serait bien. Il faut également jouer sur les leviers sociaux pour soulager les populations », propose le syndicaliste.

Des conséquences sur l’économie nationale

Cette situation n’est pas sans conséquence sur l’économie nationale estime pour sa part l’économiste Ignace Amèdjogbé. « Les hydrocarbures font partie intégrante des matières premières qui entrent dans la production et la fabrication des usines. La hausse de leurs prix aura donc un impact sans précédent sur les coûts des produits qui seront déversés sur le marché et dans les ménages. Lorsque le prix augmente, immédiatement il y a une partie du revenu qui sera consacrée à l’achat de ces hydrocarbures, ce qui va baisser la capacité à s’offrir une denrée alimentaire. Plus cela va perdurer, plus les gens seront dans l’incapacité de se nourrir, de se déplacer. En conséquence, ça va impacter directement la productivité », explique ce dernier qui ajoute que cela aura des répercussions sur la capacité de l’Etat à recouvrer les impôts, ce qui va sans doute baisser les taxes.

Ils plaident pour une forte subvention

A la question de savoir que faire pour soulager les ménages, l’économiste Amèdjogbé suggère qu’il faille rapidement trouver les moyens pour subventionner le prix de ces produits alimentaires ou hydrocarbures pour permettre à chacun d’y avoir accès et assurer la productivité.

Les Béninois interrogés plaident aussi dans leur grande majorité pour une forte subvention face à l’inflation observée sur le marché. Selon eux, cela contribuera à stabiliser leur pouvoir d’achat.

Dans cette même veine, le gouvernement béninois a récemment pris des mesures de soutien aux populations face à la cherté de la vie, en fixant de nouveaux prix des produits de grande consommation tels que le riz, le blé, l’huile, etc. Malheureusement, ces nouveaux prix peines à être appliqués sur le marché.

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