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CEDEAO | Retour des biens culturels : Le comité en charge du suivi prépare un symposium régional

Louis Tossavi

Les membres du comité de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), chargé du suivi du plan d’actions 2019-2023 sur le retour des biens culturels à leurs pays d’origine, étaient en réunion à Cotonou les 21 et 22 juillet 2022. C’était l’occasion pour ces derniers de réfléchir sur la mise en œuvre de ce plan et de préparer un symposium régional qui se tiendra à Dakar au Sénégal au mois de septembre.

Le plan d’action des pays de la CEDEAO, sur le retour des biens culturels a été adopté par les ministres en charge de la Culture de l’institution il y a quelques années à Cotonou au Bénin.

Au nombre des activités retenues, il y a la tenue d’un symposium africain qui axera les réflexions sur la problématique de façon intégrale. Les membres du comité (anciens ministres de la Culture et experts du domaine) de suivi dudit plan étaient en conclave à Cotonou pour faire le point du chemin parcouru et se prononcer autour des activités engagées et celles en cours.

Selon les organisateurs, cette rencontre a permis aux participants de se pencher sur la note conceptuelle d’un symposium qui s’ouvrira en mi-septembre à Dakar au Sénégal. Il s’agit des contours de l’organisation du symposium et des thématiques à aborder. Ces assises apprend-on seront co-présidées par le Chef d’Etat béninois Patrice Talon et son homologue du Sénégal Macky Sall.

Les participants se sont également prononcés sur la collaboration future qui doit s’instaurer entre les pays de la communauté et les partenaires sur la question de restitution des biens culturels et artisanaux en Afrique. Ils ont profité de leur passage à Cotonou pour visiter l’exposition diptyque « Art du Bénin d’hier à aujourd’hui, de la restitution à la révélation ».

Les travaux ont pris fin par l’adoption des rapports et la lecture des conclusions des échanges.

Rappelons que ce comité mis sur pied par la CEDEAO est composé de l’ancien sous-directeur général de l’Unesco, le Béninois Nouréini Tidjani-Serpos,  de l’ancien ministre de la culture du Niger  Assoumana Malam Issa, de l’ancien ministre et ancien représentant du Burkina Faso à l’UNESCO Filippe Savadogou, d’une ancienne ministre de la Culture du Ghana, d’une ancienne ministre de la Gambie, d’un ancien ambassadeur du Nigeria et plusieurs autres personnes ressources ou techniciens spécialistes des questions de culture.

Quelques intervenants à l’issue de la réunion…

« L’Afrique doit espérer faire revenir la totalité de ses biens culturels »

Assoumana Malam Issa, Ancien ministre de la culture de la République du Niger, président du comité de la CEDEAO en charge du suivi des plans d’actions sur le retour des biens culturels en Afrique.

« L’année passée, pratiquement au même mois de juillet, on était ici au Bénin. On se réunit, on réfléchit et nous suivons la mise en œuvre de ce plan. Nous avons également réfléchi sur le chemin que nous allons parcourir en tant que comité puisque […] nous avons effectué un certain nombre d’actions. Notamment la réflexion sur des questions d’inventaire des biens qui doivent être restitués au niveau de chaque pays, sur la question de la formation qui devrait être faite pour les acteurs culturels et les personnes chargées de suivre ces questions de retour et la gestion de ces biens culturels. La question du retour des biens culturels est une question intégrale, transversale qui engage beaucoup d’acteurs. La meilleure façon de l’aborder est d’abord de comprendre qui sont les acteurs qui sont intéressés et quel rôle chacun d’eux doit jouer.

On va faire un travail en amont d’identification de tous les acteurs qui doivent être concernés par cette question et on va se retourner au Sénégal pour non seulement nous connaître mais aussi pour que chacun identifie ses responsabilités. C’est en ce moment seulement qu’on pourra créer la synergie qui est utile, indispensable pour que nous puissions faire retourner les biens culturels dans nos Etats respectifs.

Mais avant le symposium avec le point de départ, le signal qui est donné par le Bénin, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, on peut dire que l’Afrique doit espérer faire revenir la totalité de ses biens culturels, en tout cas ou le maximum des biens culturels qui ont été pris au niveau du continent. Après le symposium, il y aura le développement d’une synergie, la solidarité qui va se manifester, les actions qui vont être harmonisées à tous les niveaux et qui vont permettre d’avoir une seule voix africaine, notamment Ouest-africaine.

Une chose est de faire revenir les biens, mais une autre chose est de bien les conserver. Il faudrait que nous créions des espaces de ces biens et c’est en ce moment que les questions des musées, les questions des salles d’exposition et d’autres galeries pourraient se poser. C’est ensemble que nous allons définir les modalités de leurs créations et de leurs gestions ».

« Nous allons nous imprégner de l’expérience du Bénin »

Silvie Memel Kassi, enseignant-chercheur, Directrice Générale de la Culture au Ministère de la Culture de la Francophonie de Côte d’Ivoire.

« Il faut d’abord reconnaître les efforts du Bénin qui nous reçoit chaque fois que besoin est pour ces questions de restitution. Aujourd’hui c’est devenu un pays symbole dans le domaine de la restitution. Je profite à la suite des autres pour remercier le président du Bénin et toutes les autorités de ce pays. Il y a des avancées notables par rapport à cette question. Aujourd’hui on parle de symposium sur la question du retour des biens culturels avec à la clé la nomination d’un président, d’un ministre, d’un président champion pour traiter de ces questions. En termes de plaidoyer, cette question devient une réalité. Je pense que c’est quelque chose de très important et on voit là tout l’enjeu. Moi je retourne en Côte d’Ivoire et je compte faire profiter tout ce que […] nous avons reçu comme outils pour que mon pays aussi qui est déjà dans cette dynamique de restitution, puisse emboîter le pas au Bénin avec des actions concrètes. Nous avons visité un musée aux normes. La Côte d’Ivoire est dans cette dynamique avec la volonté politique. Je repars satisfaite.

Je suis aussi venue en tant que personne ressource pour partager l’expérience de la Côte d’Ivoire, mais je retourne enrichie de toutes les contributions, de tous les apports pour donner un coup d’accélérateur à ce qui existe déjà. C’est quelque chose de positif.

Après le Sénégal et le Bénin, c’est à la Côte d’Ivoire de recevoir un bien culturel confisqué pendant la colonisation en 1916 précisément. Il s’agit du tambour parleur du peuple « atchan » du nom de ‘’Djidji Ayôkwé’’. C’est un objet sacré que nous attendons pour la fin de cette année. Nous allons nous imprégner de l’expérience du Bénin pour que les populations de la Côte d’Ivoire aussi puissent se ressourcer dans leur histoire ».

Filippe Savadogo, ancien ministre de la Culture, de la Communication et du Tourisme du Burkina Faso, ancien ambassadeur de la Francophonie aux Nations-Unies. 

« Nous avons fait des recommandations et dans ce sens. Nous sommes venus demander au président de la République du Bénin d’accompagner cette œuvre tout simplement parce qu’il a été un des grands acteurs du retour des biens culturels des 26 pièces revenues de France que nous avons visitées et dont nous sommes très fiers parce-que nous avons vu à travers cela le Bénin d’hier et d’aujourd’hui. C’est avec beaucoup de satisfaction que nous repartons en nous disant que Cotonou est le point de départ de grandes missions. Ça va prendre des années mais ça va aussi prendre du temps et de l’énergie. Le rapatriement de nos biens culturels dans nos pays va être un travail de longue haleine parce-que l’Afrique de l’ouest a beaucoup perdu à travers ces biens qui sont quelques fois pillés, volés ou vendus ».

 

Propos et recueillis et transcrits par Louis Tossavi.

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