Burkina-Faso : Eviction de Roch Kaboré du pouvoir, un autre casse-tête pour la Cedeao !
Les hommes en uniforme sont désormais aux commandes au Burkina-Faso comme c’est actuellement le cas en Guinée Conakry et au Mali.
En effet, c’est dans la soirée de ce 24 janvier 2022 que les putschistes par le biais de leur porte-parole, le jeune capitaine Sidsoré Kader Ouédraogo, ont officiellement annoncé la fin du régime du richissime Roch Marc Christian Kaboré, au pouvoir depuis 2015 et contraint à la démission.
Les militaires réunis au sein du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Renaissance (MPSR) justifient ce coup de force par la dégradation continue de la situation sécuritaire qui menace les fondements de la Nation, l’incapacité manifeste du pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré à unir les Burkinabè pour faire face efficacement à la situation et l’exaspération des différentes couches sociales du pays.
A la tête de cette junte qui s’est engagée à proposer un délai raisonnable pour un retour à l’ordre constitutionnel, se trouve un nouvel homme fort. Il s’agit du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba Sandaogo. Selon Abdoulaye Barry, doctorant dans un institut académique de l’Onu sur la paix à Ouagadougou, qui est intervenu sur les antennes de Rfi au lendemain du coup d’Etat, le chef de la junte fait partie de cette nouvelle génération d’officiers Burkinabè. Un militaire qui connait le terrain et appartenant à une force d’élite de la sécurité présidentielle. Paul-Henri Sandaogo est diplômé de l’école militaire de Paris. Il est titulaire d’un Master 2 en sciences criminelles du conservatoire national des arts de métier de Paris, ainsi que d’un certificat d’expert de la défense en management, commandement de stratégie. Il est l’auteur du livre, ‘’Armées ouest africaines et terrorisme, réponses incertaines ?’’.
Très critiquée, la Cedeao face à une autre équation
Sur les 8 pays que compte la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), déjà trois (3) sont désormais aux mains des militaires. Il s’agit du Mali, de la Guinée et à présent le Burkina-Faso. Beaucoup d’observateurs pensent que si rien n’est fait pour arrêter ce qui s’apparente désormais à un virus qui se propage à travers la communauté, et l’on craint le pire pour les mois à venir.
Pour Abdoulaye Barry, « désormais, c’est comme si les sanctions contre le Mali ne sont pas parvenues à décourager d’autres militaires sur le continent et le Burkina-Faso constitue un autre cas grave pour la Cedeao ».
Avec ce nouveau coup d’Etat, les nouvelles autorités du Burkina-Faso devraient s’attendre à des sanctions de la Cedeao, d’organismes régionaux et internationaux comme c’est souvent le cas. Une Cedeao très critiquée ces derniers mois pour ses positions et ses sanctions aux conséquences lourdes pour le Mali par exemple.
Le cas Burkinabé vient s’ajouter aux autres que la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest n’a pas encore résolus. Et si on n’y prend garde, deux bocs de dirigeants pourraient progressivement se former au sein de la Cedeao, à savoir le bloc des civils et celui des militaires. Un casse-tête pour l’institution sous-régionale qui semble perdre de plus en plus sa crédibilité au fil des évènements.