Bénin | Tradition : Prof Bienvenu Koudjo à propos du Cdcrb « Recenser, connaître les danses patrimoniales en voie de disparition »
Réalisation : Martial Olou
A l’occasion de la semaine de la danse au Bénin, le conservatoire des danses cérémonielles royales du Bénin (Cdcrb) a offert au public de Cotonou et environs à l’Ifb, un spectacle intitulé « les danses de rêve du roi Toffa », l’ancêtre du trône royal de Porto-Novo. A l’issue de cette prestation, Africa World Radio s’est rapprochée de Bienvenu Koudjo, enseignant émérite de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac) et directeur artistique du conservatoire. Il revient ici sur la quintessence de cette représentation scénique et des objectifs de cette académie.
AWR : Que nous raconte ce spectacle ?
Bienvenu Koudjo : Il s’agit de l’historique de la signature du traité d’amitié de protectorat entre le gouvernement français et le roi de Porto-Novo de l’époque Toffa. Agacé par les perturbations et injonctions causées dans son royaume par les royaumes d’Abomey et les anglais venus de Lagos au Nigéria, il a fini par vouloir renouveler ce traité pour se mettre sous la protection de la France. Ce que lui avait demandé déjà le gouverneur Victor Ballot, mais qu’il avait retardé. Et on a compris que c’était déjà un traité qui a été demandé par son feu père Dè Sodji. Le Cdcrb a pris ce prétexte pour montrer au public les genres musicaux de la cour royale de Porto-Novo. C’est sur ce fond que nous avons brossé une série de danses patrimoniales pour célébrer l’événement.
Qu’est-ce qui fait la force de vos danseurs ?
La force de nos danseurs réside dans l’apprentissage. L’apprentissage de toutes les danses cérémonielles et royales que nous connaissons sur le territoire béninois dont nous faisons la recherche, que nous voulons restituer au fur et à mesure que nous avons acquis les informations auprès des traditionalistes sur les danses concernées. Nous les faisons apprendre par nos membres du conservatoire d’abord, par les élèves puis par les étudiants qui viennent se former ; et c’est parmi les meilleurs que nous recrutons les membres de la troupe permanente dont vous avez vu certains.
La force du conservatoire, c’est également de travailler sur un fond patrimonial qui intéresse d’abord les enfants car, ils sont intéressés par la résurrection, la restitution de leur patrimoine culturel, surtout quand il s’agit de la musique et la danse. Evidemment, l’enthousiasme dépasse la connaissance pour prendre la forme d’un épanouissement artistique. C’est le résultat que vous avez vu ce soir.
Quelles sont les objectifs et les ambitions du conservatoire ?
Les ambitions sont grandes pour le Bénin. C’est d’abord de pouvoir continuer à recenser, connaître les danses patrimoniales qui sont en voie de disparition, que nous voulons ressusciter pour les actualiser en y intégrant des chorégraphies nouvelles que nous essayons d’inventer nous-mêmes. Mais les fonds patrimoniaux restent. Il y en a beaucoup d’autres que nous n’avons pas présentés. Par exemple, les danses patrimoniales du nord et il y en a un certain nombre que nous avons déjà ressuscité. Peut être le prochain spectacle, ce sera les danses de rêve du roi Kaba, l’un des leaders des révoltes dans la région septentrionale du Danxomè. A ce moment-là, nous donnerons la priorité aux danses patrimoniales du septentrion avec lesquelles nous associerons toujours les danses des autres cultures du Bénin dans l’optique de l’unité nationale.
En quelle année le conservatoire a-t-il été créé ?
Le conservatoire a été créé en 1996 sous le nom de « Conservatoire des danses cérémonielles et royales d’Abomey ». Et ensuite sous la direction du professeur Albert Bienvenu Akoha qui a fait beaucoup de promotion à Abomey avant donc de transférer le siège à Cotonou, où moi je l’ai rejoint pour que nous puissions élargir les bases du conservatoire des danses cérémonielles et royales d’Abomey, pour étendre cela aux danses cérémonielles et royales de tout le Bénin pour que le centre de recherche et de documentation qui a été créé à cet effet, puisse nourrir par les résultats de ces recherches. Ce que nous aurons réussi à recueillir sur tout le territoire national. L’autre ambition est de continuer à recenser et à sauvegarder les danses cérémonielles et royales, surtout celles qui sont en voie de disparition mais aussi celles qui sont actualisées.
Quel est votre souhait pour l’avenir ?
Notre souhait est d’être connu à l’extérieur. Le conservatoire a déjà eu à voyager au Togo, en Algérie, en France pour pouvoir présenter ces spectacles. Donc on a encore la possibilité de voyager partout si on nous appelle pour pouvoir montrer ce que nous avons créé.