Les 14 et 15 novembre 2023, un forum national a rassemblé à Cotonou, les utilisateurs du foncier et autres acteurs de ce secteur, pour la mise en place d’un cadre de concertation. Cette initiative d’un consortium d’organisations paysannes en partenariat avec la représentation résidente de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) au Bénin, a eu pour thème : « Espaces multi-acteurs de dialogue et système d’alerte sur les politiques et la gouvernance foncière au Bénin : Renforcer les synergies d’intervention équitables et inclusives ». L’objectif est de contribuer à construire un cadre d’animation de la politique foncière en République du Bénin. Ceci à travers le développement d’un espace inclusif de dialogue entre toutes les parties-prenantes autour des évènements et phénomènes liés au foncier. Africa World Radio était à ce forum et a pu tendre son micro à l’un des organisateurs à l’issue de l’ouverture des travaux. Bernadin Codjo Toto, est le secrétaire permanent de la Plateforme Nationale des Organisations Paysannes et de Producteurs Agricoles (PNOPPA)-Bénin. Il revient ici sur l’importance de cette rencontre.
AWR : Pouvez-vous nous situer sur l’importance de ce forum ?
Bernadin Codjo Toto : Vous avez vu dans la salle qu’il y a des producteurs agricoles, des éleveurs, des pêcheurs, des membres du gouvernement. Il y a donc toutes les parties prenantes, toutes les catégories de personnes concernées par la question foncière. Sur la base d’études réalisées par des doctorants et/ou des mémorants, nous analyserons les résultats auxquelles ces études ont abouti et nous verrons comment s’organiser pour que les questions foncières soient discutées de la façon la plus simple possible, pour que les conflits au niveau de nos familles, de nos régions soient limités, pour que les conflits entre agriculteurs, producteurs et autres soient suffisamment limités. Parce que quand on ne se parle pas, on ne peut pas se comprendre.
Quels sont les enjeux liés au foncier en République du Bénin ?
Vous n’êtes pas sans savoir qu’aujourd’hui les pressions augmentent sur le foncier, et la démographie également augmente. Il n’y a pas de jour où on ne met pas des enfants au monde. Et quand vous prenez une famille donnée, le papa qui a peut-être quelques lopins de terre a quand-même un certain nombre d’enfants. Quand il disparaît, il faut diviser ce foncier-là par un certain nombre d’enfants. Ça crée des problèmes et il y a des malentendus, s’il a deux femmes, c’est encore un autre problème. Entre les agriculteurs et les éleveurs, les uns veulent faire passer leurs animaux pour leur troupeau du pâturage ; les autres ont déjà mis des spéculations en terre et constatent qu’elles commencent par être détruites. Cela génère bien sûr des conflits. Il y a tous ces aspects-là qui font que la pression est sur tout ce qui est lié au foncier. Mais tant que les acteurs ne vont pas s’assoir pour aborder ces questions-là, pour voir comment est-ce qu’on peut rester ensemble pour collaborer, ce sera sans issue. Toutes ces questions doivent être mises ensemble pour qu’on puisse voir que si nous dialoguons ensemble, nous pouvons réellement avancer.