Bénin | Législatives : 3 partis s’arrachent les 109 sièges, la mouvance présidentielle se taille la part du lion, l’opposition de retour au parlement !
Louis Tossavi
Le scrutin législatif en République du Bénin a donné son verdict. A l’arrivée, trois (03) formations politiques sur les sept (07) qui étaient en lice pour cette consultation électorale, ont pu tirer leur épingle du jeu.
Les nouveaux représentants du peuple devant constituer la 9e mandature de l’Assemblée Nationale du Bénin sont connus. Contrairement aux autres législatures (81 députés), la nouvelle qui sera installée le 12 février prochain, sera constituée de 109 députés. Ils proviennent des 24 circonscriptions électorales que compte le pays et de trois (03) formations politiques que sont l’Union Progressiste Le Renouveau (UPR), le Bloc Républicain (BR) de la mouvance présidentielle et Les Démocrates (LD) de l’opposition.
Selon les résultats définitifs proclamés par la Cour Constitutionnelle le 12 janvier dernier, le premier obtient 37,56% des suffrages exprimés et remporte 53 sièges, le second 29,23% pour 28 sièges et le troisième a de son côté obtenu 24,16% avec le même nombre de sièges que le deuxième. Ceci s’explique à cause de la règle de 10% imposée par les nouvelles dispositions en vigueur en matière d’attribution de sièges à l’Assemblée Nationale. La même règle empêche les partis FCBE (4,42%), MOELE-Bénin (2,29%), MPL (1,28%) et UDBN (1,07%) d’être éligibles à la 9e législature du parlement béninois.
En récapitulatif, le parti au pouvoir obtient à l’issue du vote 81 députés contre 28 pour l’opposition. Précisons que sur les 109 sièges, 24 sont exclusivement réservés aux femmes. A la surprise générale, elles en ont obtenu 28, ce qui n’est jamais arrivé dans l’histoire politique du pays.
L’opposition signe son ‘’come-back’’, des béninois jubilent
L’absence de l’opposition à la 8e législature de l’Assemblée Nationale a été fortement critiquée au Bénin et même au-delà. Des critiques qui ont décrédibilisé la gouvernance du président Patrice Talon. Mais cette fois, cette frange de la classe politique sera bien au rendez-vous des débats au palais des gouverneurs. Au sein de l’opinion publique béninoise, beaucoup apprécient ce ‘’come-back’’. Au lendemain de la proclamation des résultats définitifs, certains citoyens ont exprimé leurs attentes. « C’est un sentiment de satisfaction qui m’anime, parce que les élections se sont déroulées sur toute l’étendue du territoire national sans aucune effusion de sang. Ensuite, après la proclamation, nous n’avons pas connu des violences post-électorales. Je dis bravo au peuple béninois qui a su qu’il faut préserver la paix », se réjouit Sadik Imorou, un citoyen rencontré dans la ville de Cotonou. Jean Sessou se dit également satisfait du processus électoral qui a conduit à la proclamation des résultats définitifs. Mais il se souvient encore des évènements de 2019 et déclare : « Dernièrement, les élections sont devenues des moments de violence dans notre pays. Pour ces dernières élections, les populations sont sorties et sont allées voter dans la paix », a-t-il indiqué. Puis que cette 9e mandature enregistre le retour de l’opposition au parlement, Serge Sodjealo voudrait que l’on ne renoue pas avec les vieilles habitudes, c’est-à-dire que les projets de développements ne soient pas bloqués pour des intérêts politiques. « Maintenant que cette législature n’est pas monocolore, on voudrait que les lois soient votées dans de bonnes conditions », suggère Tété Komi Houndjo. Même si le taux de participation n’a pas été ce qu’il devrait être, Nicaise Ahouangbé a remarqué que les béninois sont sortis pour choisir les représentants à travers tout le pays. « Ce qui est davantage bien, c’est qu’aujourd’hui nous avons plusieurs courants politiques à l’Assemblée Nationale. Nous nous attendons maintenant à des débats intéressants et constructifs sur la société, sur les différents problèmes que rencontre la jeunesse », poursuit-il.
Un taux de participation en dessous de 50%, une première depuis 91
Depuis l’avènement du renouveau démocratique, c’est la première fois que le taux de participation à une élection au Bénin est en dessous de 50%. En effet, sur un total de 6. 769. 817 électeurs, seulement 2. 558. 446 ont pu exprimer leur droit de vote. Soit un taux de participation de 37,79%. Avec l’arrivée de l’opposition dans la course à l’élection, les béninois pensaient à une augmentation du taux de participation. « L’espoir que nous attendions se manifester de façon nette dans la participation quantitative à ce scrutin n’a pas comblé complètement nos attentes. Nous comprenons que les hésitations à participer au vote révèlent un certain manque de confiance en ce régime. Beaucoup de citoyens se disent que, quel que soit ce qu’ils feront, leur suffrage leur sera volé. Nos compatriotes ont perdu confiance. Et donc le retour aux urnes n’a pas été total », a fait remarquer Eric Houndété, président du parti ‘’Les Démocrates’’. L’ancien vice-président de l’Assemblée Nationale espère que les Béninois retourneront entièrement aux urnes à l’occasion des prochaines consultations électorales.
Selon Orden Alladatin de la mouvance présidentielle, ce faible taux de participation observé traduit une mutation qui doit interpeler chaque acteur politique. Selon lui, il s’impose à la classe politique de procéder à un diagnostic rigoureux de ce phénomène et de rechercher activement les solutions courageuses.
Signalons qu’à l’issue de ce scrutin, Paul Hounkpè du parti FCBE perd son titre de ‘’chef de file de l’opposition’’ au détriment de Houndété du parti ‘’Les Démocrates’’ qui devient ainsi la première force politique de l’opposition au Bénin.