Artiste danseuse, chorégraphe et professeur de danses afro urbaines, Carmelita Youriane Siwa fait partie de la délégation béninoise présente en République du Démocratique du Congo (RDC) pour prendre part à la 9e édition des jeux de la francophonie qui se tiennent du 28 Juillet au 6 Août 2023. Nous l’avons rencontré quelques jours avant son départ dans une école de danses implantée dans la capitale économique du Bénin. En plein préparatifs avec les membres de son groupe, elle évoque le challenge que représentent ces jeux de Kinshasa et revient sur sa carrière de danseuse.
AWR : Comment s’est fait votre choix pour participer aux jeux de la francophonie ?
Carmellita Siwa : Une sélection se fait, même deux. Il y a une présélection sur le plan national et j’y ai participé avec mon groupe, ensuite la sélection avec un jury international. On n’a pas juste été choisi comme ça, on a été sélectionné parmi un bon nombre de groupes qui n’ont pas démérité.
Qu’est-ce qu’on peut attendre de vous au cours de ces jeux ?
Nous participons aux jeux de la francophonie dans la catégorie ‘’danse de création’’. Nous donnerons un spectacle de danse contemporaine qui relate un peu nos vécus en tant que jeunes artistes, instruits qui ont choisi de suivre le chemin de la passion et qui rêvent d’un avenir meilleur dans le domaine artistique.
Est-ce votre première participation?
C’est ma première participation en tant que chorégraphe. J’y ai déjà participé en tant que danseuse interprète dans la pièce d’un autre chorégraphe béninois il y a plusieurs années. C’est un gros challenge pour mon groupe et moi. C’est un lourd fardeau de représenter un pays, de présenter ton travail en tant que jeune femme dans le métier. C’est énormément de charge. En même temps je suis contente de participer aux jeux, parce que j’estime qu’il est temps que nos propositions de travail sortent du pays, qu’on se rende compte qu’il y a de talents au Bénin et qu’on peut faire de belles propositions. Au-delà d’être une compétition, je considère les jeux de la francophonie comme un marché et l’idéal pour nous serait de pouvoir nous faire remarquer, de sortir de l’ombre et de pouvoir vendre nos spectacles ici et ailleurs.
Y-a-t-il une différence entre la danse afro urbaine et la danse contemporaine ?
Bien sûr qu’il y a une différence. Les danses afro urbaines africaines, c’est tout ce qui est danse urbaine moderne des différents pays africains et on a en fait une fusion pour créer un style. Ce sont des musiques qui sont créées dernièrement qu’on appelle afrobeat et on peut tout adapter sur ça. On puise un peu de tout dans nos richesses pour en faire un style. La danse contemporaine comme l’indique le nom, c’est tout ce qui est actuel. Chacun vient avec son style.
Parlez-nous un peu de vos débuts dans la danse
J’en ai fait une profession depuis maintenant plus de 8 ans. Je n’avais pas planifié de devenir une danseuse professionnelle, chorégraphe de surcroit. A un moment donné, la passion a pris le dessus, je me suis rendu compte que j’aimais faire ça. Après mes diplômes, j’ai décidé de suivre des formations en tant que danseuse et de me professionnaliser. Je continue à suivre des ateliers, à en donner également, à essayer de me perfectionner chaque jour.
Vous avez certainement fait des études universitaires !
J’ai fait un BTS (Brevet de Technicien Supérieur) en communication des entreprises et une Licence en gestion des projets. J’ai fait également un Master1, mais la danse m’a pris beaucoup de temps. Aujourd’hui je ne fais que ça. J’avoue que ça m’a beaucoup servi, parce que je peux rédiger mes projets moi-même.
Peut-on vivre de la danse ? Si oui, quel a été le plus gros cachet que vous avez déjà touché ?
J’arrive à gagner ma vie à travers la danse en donnant des cours, en étant danseuse interprète dans des pièces de différents chorégraphes. Et aussi en créant des spectacles. Je fais des coachings et je monte des chorégraphies pour des clips. Il y a une période où je me suis posé plein de questions, je me suis remise en cause et je me suis demandé si j’avais fait le bon choix. Parce qu’il y a des périodes de vaches maigres. Aujourd’hui, je ne regrette rien, c’est vrai que c’est un métier qui demande beaucoup plus d’abnégation, beaucoup de travail. J’estime que c’est un des métiers les plus mal payés du monde. Mais en fait, la satisfaction qu’on reçoit n’est vraiment pas monnayable. J’arrive à vivre de ma profession, ma passion et à voyager à travers le monde. Le plus gros caché touché dans ma carrière pour le moment c’est 3000 euros en un (01) mois.
D’autres évènements en vue, après les jeux de la francophonie ?
Après les jeux de la francophonie, je vais continuer en tournée en Belgique avec un autre projet dans lequel je suis danseuse interprète dénommé ‘’Sac du Printemps’’ d’une chorégraphe d’origine allemande qui n’est plus aujourd’hui, mais son travail parle toujours pour elle. Ensuite je vais continuer dans quelques pays européens pour donner des stages, participer à un festival avant de revenir au Bénin.
Un message à ceux qui ont toujours pensé que la danse n’est qu’un passe-temps !
C’est difficile d’essayer de convaincre des gens qui n’ont pas très envie d’ouvrir leur esprit à autre chose. J’essayais de convaincre des gens. Mais j’ai finalement compris que dans la vie, il faut d’abord faire confiance en soi, se donner les moyens d’atteindre ses objectifs. C’est ce que je recommanderais à tout le monde. Quel que soit le domaine que vous choisissez, tout le monde ne sera jamais d’accord avec vous. La première personne, c’est d’abord vous.