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Culture

Bénin | 7eart : Ulrich Houndji après sa participation au Fespaco : « J’ai été sidéré par cette culture du cinéma qu’avaient les Burkinabè »

Réalisation : Louis Tossavi

La 28e édition du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (Fespaco) a tenu ses promesses dans la capitale burkinabè il quelques semaines, avec le sacre du Tunisien Youssef Chebbi qui a décroché l’étalon d’or de Yenenga grâce à son long métrage « Ashkal ». Dans la délégation du Bénin qui a pris part à cette grande rencontre du 7eart africain, il y avait Ulrich Houndji, un jeune réalisateur béninois sélectionné dans la catégorie ‘’Films des Ecoles de cinéma’’ avec son œuvre intitulée « L’Impression ». De retour de Ouaga, nous l’avons interrogé. Il nous raconte son expérience.

 

AWR : Vous étiez récemment à Ouagadougou où vous avez représenté votre école et le Bénin au Fespaco. Comment a été faite votre sélection ?

Ulrich Houndji : Effectivement j’ai représenté l’Ecole Nationale des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication de l’Université d’Abomey-Calavi (Enstic). Je connaissais le festival, sauf que je n’ai jamais pu y participer, parce que je n’avais pas un film. Il fallait attendre, avoir l’expérience nécessaire pour y participer et avoir surtout les moyens. Parce que, bien qu’on soit dans une école, elle ne sera pas en mesure de vous accompagner entièrement pour la réalisation. Vous ne pouvez pas imposer à l’école de vous accompagner dans le déplacement par exemple pour les tournages. Il faut d’abord vous apprêter. Donc pour un documentaire du genre, lorsque j’ai fini, j’ai soumis cela au Fespaco et on attendait tous les résultats. Il faut dire que j’ai envoyé deux (02) films alors que c’était interdit dans cette catégorie de soumettre deux œuvres. Du coup je m’étais dit que je n’aurai pas un retour favorable. Mes camarades aussi m’ont dit la même chose. Fortuitement mon film a été sélectionné. Ça m’a surpris, j’étais aux anges.

Quelle est la thématique qu’aborde votre film ?

C’est le film documentaire « L’impression » qui a valu ma sélection.  C’est un court métrage de 15 minutes qui aborde la question ‘’du déjà-vu’’. Je l’ai intitulé « l’impression » parce qu’il nous arrive de vivre des scènes qu’on a le sentiment d’avoir déjà vécu, de se retrouver en des lieux pour la première fois et d’avoir l’impression d’y être déjà allé.  Soit, vous voyez des gens pour la première fois et vous avez l’impression de les connaître, soit vous entendez des choses et vous avez l’impression qu’on vous a déjà répété ces mots. Donc si ça nous arrive, cela justifie le documentaire que j’ai réalisé. Lorsqu’on pose la question à tout le monde de savoir si cela leur arrive, tout le monde parle d’une impression. D’où le titre ‘’L’Impression’’. Dans ce film documentaire, nous avons essayé d’apporter les pistes de solution, c’est-à-dire la réponse à ce phénomène du point de vue scientifique, du côté de la médecine, ensuite au plan religieux. Nous sommes allés par la suite dans le monde de la métaphysique et spirituel, traditionnel en parlant des Djôtô. C’est un documentaire à suivre pour comprendre les différentes raisons qui sous-tendent ce phénomène, puisque cela arrive à tout le monde.

Quelles sont les activités auxquelles vous aviez pris part au Fespaco ?

Le Fespaco a été une grande expérience. Déjà avant d’y aller, on a pris connaissance du programme et on a sélectionné les activités qui nous intéressaient. Concrètement, j’ai participé à des masters Class sur la fiction et sur le documentaire. J’ai par exemple participé au ‘Doc Day’ avec Michel Zongo et Jean Marie Ténor. C’était intéressant de voir des gens qui ont des années d’expérience dans le domaine, nous parler de leurs parcours, comment ils en sont arrivés là et quelles ont été les difficultés qu’ils ont rencontrées et les différentes successions dans le temps, dans la réalisation des documentaires. Ils ont également partagé avec nous les secrets des réalisations de documentaires. J’ai participé à des séances de projection de films à ne pas rater, par exemple le film ‘’SIRA’’ d’Apollinaire Traoré, ‘’The planters plantation‘’ du Cameroun qui a déjà raflé beaucoup de prix, ‘’l’envoyé de Dieu’’ du Niger, la série bénino-ivoirienne ‘’ISABELLE’’ de Kismath Baguiri, la série ‘’Ici c’est Barby’’ de la Côte d’Ivoire, ‘’Obatanga’’ de Alex Ogou. Des films dans lesquels des acteurs béninois ont joué, Tola Koukoui par exemple. Donc il y a eu beaucoup de projections de films que nous avons suivies et bien sûr nos projections de film. A la fin de chaque projection, nous échangions avec les cinéphiles qui nous posaient des questions en présence des membres du jury. Il y a eu également des ‘’After Party’’, où on rencontre des gens qui sont venus au Fespaco, on se fait des contacts pour pouvoir discuter sur d’éventuels projets. Au Fespaco, j’ai également pu discuter pour de futures co-productions avec beaucoup d’acteurs venant du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et du Gabon.

Nous avons formé un réseau de jeunes intéressés par l’écriture de scénario avec l’aîné Marcel Sandja du Gabon. Il nous a réuni dans un creuset afin qu’on puisse discuter autour de l’écriture du scénario, parce que à notre niveau, on doit également beaucoup apprendre de l’expérience d’autres, et avec ce qu’on a vu là-bas, il y a des efforts à faire davantage. Nous avons aussi participé au MICA (le Marché International du Cinéma Africain). Cela a permis de discuter avec des gens pour pouvoir éventuellement leur soumettre des dossiers de production qu’ils pourront financer à l’avenir. Nous avons participé au lancement de l’atelier de Yenenga qui était à sa deuxième édition. Il y avait une béninoise dans le lot et nous sommes partis la soutenir.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant ce Fespaco ?

Ce qui m’a particulièrement marqué, c’est que j’ai découvert une ville qui était presque à l’image du Fespaco. Il y avait tout un quartier qui portait le nom du Fespaco. J’ai été sidéré par cette culture du cinéma qu’avaient les Burkinabè. Et lorsqu’il était question de la projection du film ‘’SIRA’’, pour la première fois, on n’a pas pu entrer dans la salle. Le film était prévu pour 20H30 mais déjà à 18H30 la salle était déjà pleine. Le second jour, n’eut été notre vigilance, nous n’entrerions pas. Donc les gens sont sortis massivement pour aller au cinéma. Cela m’a beaucoup marqué de voir des Burkinabè fréquenter autant les salles pour regarder le film. C’était vraiment spectaculaire. En dehors de ça, j’ai rencontré des gens que je ne voyais qu’à travers les écrans. Des gens avec qui j’ai partagé des images. C’était vraiment impressionnant de voir cela. C’était également impressionnant de voir des Béninois parmi les jurys tels que Dorothée Dognon et Carolle Lokossou.

Pensez-vous retourner au Fespaco ?

Bien sûr. Au Fespaco, les 3 dernières nuits du festival, je n’ai pas pu dormir, parce que je me suis rendu compte qu’il y avait de nouveaux défis à relever. J’ai commencé la rédaction de nouveaux scénaris. Parce qu’il fallait tout faire, travailler dur et y retourner. Non plus dans les catégories de films des écoles, mais dans les catégories professionnelles pour mieux honorer le drapeau du Bénin. Parce que le Bénin était très peu représenté là-bas à mon avis. Parce que nous n’avons pas assez de séries, assez de films, court ou long métrage. Je me suis lancer le défi de réaliser un court métrage fiction de qualité pour représenter le Bénin aux prochaines éditions du Fespaco.

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