Antananarivo / Les nuits festives reviennent, les sans–abris se multiplient
Par Maminirina Rado
« En fait, nous avons toujours ouvert, même au plus fort du confinement », lance le propriétaire d’un grand restaurant dans le centre d’Antananarivo. Il fait partie de ceux qui ont choisi, sur un coup de tête, de passer outre les mesures édictées par l’Etat. Maintenant que le confinement est levé, il reprend ses activités. Avec les touristes en moins. Il a tout simplement transformé son hôtel en une boite de nuit et en cabaret pour grappiller quelques sous ; sinon au pire des cas, « j’aurais dû mettre la clé sous les portes et renvoyer quarante employés directs et indirects », met–il en avant.
Depuis le mois d’octobre 2020, quand la saison des pluies a pointé son nez, les nuits tananariviennes ont repris leurs droits. « Il y a la reprise des activités, mais c’est encore loin de l’époque pré-Covid–19. Par ailleurs, les gens semblent avoir oublier que la pandémie fait encore des morts à Madagascar. Alors quand vous allez dans les lieux de fêtes, la règle des deux cent personnes minima est loin d’être respectée », souligne une journaliste culturelle. Un sentiment de défiance collective obnubilé par les responsables, ces derniers ayant garanti qu’une deuxième vague est impossible dans le pays.
Alors dans la capitale malgache, les nuits ont fait leur retour, comme les noctambules les avaient laissés avant la pandémie. Les lieux populaires sont de nouveaux investis par les tananariviens et tananariviennes, comme le parking du palais des Sports de Mahamasina ou encore l’Avenue de l’Indépendance d’Analakely. « Bien sûr, nous avons retrouvé nos clients. La confiance d’auparavant est resté entre nous, dès lors, personnes ne pensent trop à la maladie. Ils veulent faire la bringue, nous nous vendons brochettes et boissons », se réjouit Hantatiana Randrianarijaona, vendeuse nocturne à l’étalage.
Par contre, de nouveaux campements de sans domicile fixe se sont dressés durant le confinement. Les tunnels sont submergés, les abris-bus également. Chaque nuit, des centaines d’invisibles, puisque le jour ils se cachent, squattent les sites publics la nuit tombée. Certains quartiers huppés, jadis épargnés par les occupations sauvages accueillent maintenant des groupes ou des familles de SDF. Un autre aspect des ravages du confinement. Alors, la nuit, les sons pétaradants des autoradios des noctambules viennent perturber les sommeils des squatteurs.
Antananarivo paraît avoir retrouver petit à petit ses ambiances de nuits, mais tapis dans l’ombre de la nuit, les stigmates économiques et sociaux de la Covid–19 ont malheureusement généré une nouvelle vague de sans–abris.