La danse est considérée depuis des siècles comme un moyen de divertissement. Elle permet aux hommes de se défouler, de lutter contre la routine et la monotonie qui caractérisent leur vécu. Mais la danse n’est pas que divertissement, elle est aussi un métier.
Au Bénin, en dehors des grandes figures de danses traditionnelles telles que Alladé Coffi Adolphe, Stanislas Dègbo, Richard Adossou, Rachelle Agbossou, Oscar Allossè (pour ne citer que ceux-ci), qui par le savoir-faire s’illustrent tant au plan national qu’international grâce à leur art, il y a des spécialistes qui font des recherches approfondies sur les danses qui existent au pays et que leur géolocalisation. C’est le cas du professeur Bienvenu Akoha, enseignant émérite au département des sciences du langage et de la communication (Dslc), qui a eu l’idée de créer le conservatoire des danses et cérémoniels d’Abomey. Des étudiants de ce conservatoire ont déjà plusieurs fois représenté le Bénin à de grandes rencontres culturelles en France et ailleurs, afin de mettre en valeur les richesses des danses traditionnelles. Il a fourni des danseurs à plusieurs troupes artistiques et culturelles au plan local.
En effet, très peu de Béninois savent danser dans leurs langues. Certains éprouvent même de la gêne voire de la honte quand ils sont invités à esquisser quelques pas de danse traditionnelle ou identitaire à certaines occasions.
Bienvenu Akoha a très vite compris le danger qui pointe à l’horizon et aussitôt mise en place cette école de danses cérémonielles et royales du Bénin. Une initiative privée qui vise l’archivage et la sauvegarde du patrimoine immatériel. D’après lui, il ne peut y avoir de cérémonies dans les couvents sans que les chants et danses ne soient exécutés. Ce sont des musiques sacrées et rattachées à des rituels. On ne peut parler du culte ‘’vodoun’’ au Bénin, en le dissociant des chants et danses. La danse est donc une mine d’or, une source de richesse dont les Béninois doivent se saisir afin de valoriser leur culture selon l’enseignant à la retraite. Il précise que le chant éduque, la danse amène les citoyens à prendre en charge leur corps, à dominer leur corps. Et tout cela rétablit l’équilibre psychologique de l’homme. Bienvenu Akoha invite la jeunesse qui est plutôt tournée vers les danses importées, à une prise de conscience.
La danse, un métier
« Les danses traditionnelles béninoises sont autant nombreuses et variées qu’il y a de régions et d’ethnies sur l’étendue du territoire béninois. Chacune d’elles a sa spécificité caractérisée par une gestuelle et une rythmique propre. Elles sont avant tout l’expression des émotions, de la liberté et de la joie de vivre. Elles sont exécutées afin de transmettre une tradition, d’effectuer un rituel, d’honorer une divinité ou de célébrer un événement », déclare un promoteur de festival de danse qui a pour but de valoriser davantage des danses comme le ‘’zinli’’, le ‘’gbon’’, le ‘’dogba’’, le ‘’waar’’, le ‘’toba’’, ‘’le goumbé’’, et autres.
Au-delà du fait qu’elle soit un moyen de détente, la danse est un métier pour certains à l’image de Oscar Allossè, directeur de la troupe de danse et de théâtre ‘’Les Elites du Bénin’’. « Tout ce que j’ai réalisé dans ma vie, c’est grâce à la danse, je ne fais que ça. Quand j’allais à la répétition, mon père me frappait et je m’entêtais. C’est le jour où il m’a raccompagné à l’aéroport pour un voyage dans le cadre d’un festival de danses à l’étranger qu’il s’est rendu compte que c’était du sérieux. Moi je n’ai pas trop étudié. Si j’avais évolué dans les études, je serais devenu un enseignant de danses à l’université. C’est pour cela d’ailleurs que tous mes enfants combinent danse et études », confie ce dernier lors de la restitution d’une formation des encadreurs du domaine.