Cedeao | Énergie : Un potentiel disponible pour satisfaire la demande
Avec notre correspondant, Martial Olou
Les Etats de l’Afrique de l’Ouest ambitionnent d’intégrer l’exploitation des réseaux électriques nationaux dans un marché régional commun. Ce marché devrait permettre d’assurer à moyen et à long terme, un approvisionnement en énergie électrique optimal, fiable et surtout à un coût abordable pour les populations des pays membres. La matérialisation d’un système de ce type requiert des études préalables pour le développement des moyens de production et de transport. D’un autre côté, il est essentiel d’identifier les limites et challenges du domaine.
Un travail de recherche, qui s’est déroulé sur une période de trois ans, et qui porte sur la « Contribution à l’étude pour l’interconnexion électrique des pays de la Cedeao » a révélé des difficultés de synchronisation du système électrique dans son état actuel ; néanmoins, les résultats de cette recherche affichent un optimisme quant à la demande électrique en 2022, si les projets en préparation sont exécutés. « Ce travail va permettre d’abord d’interconnecter, c’est-à-dire raccorder tous les pays de la Cedeao. En termes de bénéfice pour les pays, cela va leur permettre de pouvoir acheter l’énergie électrique partout où ils ont envie d’en acheter », a expliqué l’auteur du document, Mawuéna Médéwou. Il précise que l’étude réalisée dans le cadre d’un accord de partenariat entre le WAP (West African Power Pool) et l’école doctorale de l’Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi (Epac), pourrait servir de moteur afin de booster le système électrique de la Cedeao, dont l’échafaudage représente un défi majeur pour les pays de cette région du continent. « Cela veut dire que ce travail sera remis au WAP pour qu’elle puisse s’en inspirer pour pouvoir continuer les travaux d’interconnexion des pays de la Cedeao », a-t-il poursuivi.
Construire un modèle de réseau interconnecté
Le secteur énergétique ouest-africain est en pleine mutation et selon les explications de Mawuéna Médéwou, plusieurs défis ont été identifiés pour la planification et l’exploitation du système. On note entre autres de l’expansion et l’accroissement rapide de la demande en énergie électrique en dépit de moyens limités des pays, l’opérationnalisation du marché de l’électricité, la performance des sociétés d’électricité.
En effet, l’étude a identifié un peu plus de six (06) facteurs critiques qui affectent les performances des sociétés d’électricité et constituent un frein au développement du secteur de l’énergie en Afrique de l’Ouest. Il s’agit notamment de la gouvernance, de l’efficience commerciale, de la politique sectorielle, du développement des compétences, du développement des grands projets, etc. « Nos travaux de recherche ont permis de construire un modèle de réseau interconnecté de la Cedeao, de définir et de valider à travers divers essais, les conditions de stabilité du réseau », a expliqué l’auteur avant de préciser que « l’inventaire des moyens de production et de transport du réseau interconnecté, l’analyse de l’offre et la demande ont permis de conclure que l’Afrique de l’Ouest dispose de suffisamment de potentiel énergétique non encore exploité, notamment le charbon, le gaz, l’hydroélectricité et d’énergies renouvelables ».
Toujours selon les résultats de ces travaux, en dépit des potentialités, 6 des 14 pays de la Cedeao concernés par ce plan (Bénin – Mali – Nigéria – Côte d’Ivoire – Sénégal – Sierra Leone – Niger – Ghana – Gambie – Guinée – Burkina Faso – Libéria – Guinée Bissau-Togo) pourraient bien se retrouver en déficit énergétique. Toutefois, les 5 zones du continent africain (Nord – Sud – Est – Ouest – Centre) disposent toutes d’un confort d’énergie capable de satisfaire à la fois leurs besoins et bien plus que la demande.
La problématique des moyens de transport
Cette étude a aussi révélé que la région de la Cedeao est classée dans le peloton de tête des zones à forte croissance énergétique à travers le monde. Et pour que les pays puissent bénéficier les uns des autres dans un marché unifié, il faut la disponibilité du matériel, des moyens de transport. Parce qu’on ne saurait envisager une interconnexion sans des équipements de connexion. Seulement, ces équipements sont importés, d’où la nécessité de mettre en place des industries de fabrication dans les pays. Sur la question, le spécialiste en génie électrique a révélé pourquoi jusque-là, les pays africains, du moins ceux de la Cedeao ne disposent pas de ces industries. « Si nous n’avons pas des industries chez nous, c’est d’abord parce que nos pays sont suffisamment morcelés et le marché est réduit. Si nous arrivons à faire l’interconnexion, les barrières au niveau des frontières seront coupées. Par conséquent, la Cedeao devient un seul état et à partir de là, les industries peuvent naître parce que le marché inexploité devient encore exploitable », martèle Mawuéna Médéwou.
Ce dernier présente son travail comme une contribution au projet de construction du système électrique de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Cela a d’ailleurs été l’objet d’une thèse de doctorat en génie électrique qu’il a présentée et soutenue, le 14 décembre écoulé à l’Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi au Bénin. C’était devant un jury international composé de professeurs venus du Togo, du Cameroun, de la France et du Bénin.